Dubois badge Chaumont

OTTAWA – Pierre-Luc Dubois n’avait pas perdu son talent du jour au lendemain. Mais à Los Angeles, le temps d’une seule saison avec les Kings, il n’avait plus la même confiance, se retrouvant perdu sous les ordres de Todd McLellan ou de Jim Hiller.

Chris Patrick, le directeur général des Capitals, et Brian MacLellan, le vice-président aux opérations hockey, ont choisi de parier sur Dubois le 19 juin dernier. C’était un pari sur le plan financier, mais moins sur le plan hockey puisque Washington a uniquement sacrifié le gardien Darcy Kuemper pour attirer Dubois dans la capitale américaine.

Près de sept mois plus tard, les Capitals se frottent les mains. Dubois a replacé sa carrière sur les rails à sa première saison à Washington.

À quelques heures d’un match contre les Sénateurs au Centre Canadian Tire à Ottawa, Dubois a décrit sa renaissance avec sa nouvelle équipe. Il avait un grand sourire dans le visage tout le long de l’entrevue, arrêtant même sa petite routine qu’il effectuait dans un corridor de l’amphithéâtre pour s’entretenir dans sa langue maternelle avec l’auteur de ces lignes et le collègue du journal Le Droit, Zakary Mercier.

« Oui, je suis heureux, a-t-il lancé d’entrée de jeu. Il y a une grande différence avec l’an dernier. Je dois ça à mes entraîneurs et à mes coéquipiers avec les Capitals. Quand tu changes d’équipe, ce n’est jamais facile. Tu te cherches toujours un peu au départ. Tu cherches ton rôle sur la glace et à l’intérieur du vestiaire. J’ai rapidement compris et trouvé mon rôle à Washington. »

En 82 matchs l’an dernier avec les Kings, Dubois n’avait obtenu que 40 points (16 buts, 24 passes). Tout juste après le seuil de la mi-saison avec les Capitals, il a déjà pratiquement les mêmes chiffres avec 34 points (7 buts, 27 passes). Quand on lui demande le principal changement qu’il a réalisé, il n’a pas le choix de regarder dans plusieurs directions.

« C’est un mélange de plusieurs choses. J’avais une chaise avec les Jets et je connaissais mon rôle. L’an dernier avec les Kings, je dirais que ça changeait beaucoup. Je n’ai pas connu une bonne saison. C’était de ma faute.

« À Washington, je retrouve un rôle comme celui à Winnipeg. J’ai un temps de jeu similaire et je me retrouve souvent contre le meilleur trio de l’équipe adverse. J’ai regagné mon identité comme joueur, mais aussi comme personne. J’ai le sentiment qu’ils veulent voir Pierre-Luc Dubois sur la patinoire, pas un joueur que je ne suis pas. Quand tu es toi-même, tu ne te poses pas de questions et tu te présentes à l’aréna tous les jours avec un sourire dans le visage. »

À Los Angeles, Dubois avait deux autres centres qui raffolent des missions défensives en Anze Kopitar et Phillip Danault. Le gâteau n’a jamais levé avec les Kings.

« Avec les Capitals, je me retrouve dans un bon environnement pour moi, a-t-il affirmé. Je peux aider l’équipe dans plusieurs aspects. J’ai mes présences contre les bons trios de l’équipe adverse, j’aide défensivement et j’ai aussi la chance de produire offensivement. Il n’y a pas juste les buts et les passes. Même si j’ai de meilleurs chiffres offensifs, j’ai aussi un impact sur le plan défensif et je procure de l’énergie à mon équipe. »

VAN@WSH: Un doublé pour Dubois, une victoire pour Washington

Âgé de 26 ans et à sa huitième saison avec une quatrième équipe différente, Dubois a assez d’expérience pour ne pas tomber dans le piège de critiquer les Kings et ses anciens entraîneurs. Mais quand on lit moindrement entre les lignes, on peut en déduire que la communication représentait un enjeu pour lui à Los Angeles.

« Todd (McLellan) et Jim (Hiller) sont deux bonnes personnes et deux bons coachs, a-t-il dit. Tous les entraîneurs sont différents. Il n’y a aucun coach parfait, comme il n’y a aucun joueur parfait. Mais je peux dire que j’aime vraiment la communication avec mes entraîneurs chez les Capitals. C’est noir ou blanc avec Spencer (Carbery). Je le sais quand je joue un bon match et quand je joue un mauvais match. »

Le respect des coéquipiers

Pour cette visite à Ottawa, Dubois a reçu comme mandat de patiner au centre du premier trio avec Alex Ovechkin et Aliaksei Protas. Mais depuis le début de l’année, il a surtout joué au centre de la deuxième unité avec Connor McMichael et Tom Wilson.

« Tu ne connais jamais trop un joueur avant de jouer avec lui, a rappelé le robuste Tom Wilson. Depuis son premier jour avec les Capitals, Pierre-Luc travaille très fort. Il joue bien, peu importe avec qui il se retrouve au sein de son trio. Il a une grande intelligence, il patine bien et il cadre surtout très bien au sein de notre équipe. »

« Duby (Dubois) aime les défis. Il veut aussi prouver à tout le monde qu’il peut remplir plusieurs missions, a renchéri McMichael. Il peut jouer contre le meilleur trio de l’équipe adverse et marquer deux buts lors de ce match. Il est un centre complet, mais il est aussi physique. Je n’ai pas un seul mauvais mot à dire contre lui! »

Acquis des Jets pour Gabriel Vilardi, Alex Iafallo et Rasmus Kupari ainsi qu’un choix de deuxième tour au repêchage de 2024 (Alfons Freij) le 27 juin 2023, Dubois avait paraphé un contrat de huit ans et 68 millions avec Kevin Cheveldayoff tout juste avant de prendre la route de Los Angeles.

Il restait donc sept saisons au contrat de Dubois (à un salaire moyen de 8,5 millions) quand les Capitals en ont fait son acquisition au cours de l’été. C’est là que résidait le plus gros pari pour les Caps. Mais pour l’instant, le numéro 80 a fait taire les critiques à son endroit et il n’entend plus trop parler de son contrat.

« Il y a une question de fierté, a répliqué Dubois. Quand j’ai signé mon contrat avec les Kings, je méritais ce salaire. Je n’ai pas joué à la hauteur des attentes et selon mes standards à Los Angeles. À Washington, je voulais démontrer à ma nouvelle équipe et à mes coéquipiers que je peux faire une différence dans un match. Et j’ai le sentiment que j’y arrive. »

« Oui, il voulait remonter la pente en profitant d’un nouveau départ, a ajouté McMichael au sujet de son coéquipier. On peut dire qu’on n’écoute pas les commentaires négatifs à notre sujet, mais c’est parfois impossible. Tu ne peux pas bloquer toutes les distractions. Je peux simplement dire qu’il mérite tous les dollars de son contrat avec nous. Il joue à la hauteur de son talent. Il représente un gros morceau de notre casse-tête. »

Spencer Carbery avait aussi un grand sourire en décrivant l’impact de Dubois.

« Je ne sais pas ce qui clochait pour lui avec les Kings. Mais de mon expérience avec lui, je peux vous dire qu’il s’est parfaitement intégré à notre équipe et à ses coéquipiers. Comme entraîneur, je peux lui faire confiance facilement puisqu’il est un centre tellement intelligent. Il peut jouer contre les meilleurs trios des autres équipes et il garde toujours un bon niveau de compétition. J’aime beaucoup sa constance depuis le début de l’année. Il est une grande partie de nos succès. C’est un plaisir de le diriger. »