Marchand Crosby badge 4 nations

PLYMOUTH, Michigan – La Confrontation des 4 nations approche à grands pas.

Dans moins d’un mois, le Canada va affronter la Suède au Centre Bell de Montréal, le 12 février (20 h HE; TVAS, SN, TNT, truTV, MAX). Les États-Unis vont croiser le fer avec la Finlande le lendemain.

On sera ensuite gâtés avec un programme double de duels de rivaux le 15 février : la Finlande contre la Suède, puis les États-Unis contre le Canada.

Les premiers matchs seront cruciaux, et le niveau de jeu dès la mise en jeu initiale devrait faire écarquiller les yeux. Après tout, il s’agira du premier tournoi réunissant les meilleurs joueurs de la planète depuis la Coupe du monde de hockey 2016 à Toronto.

« Le format du tournoi t’oblige à connaître un bon départ », a expliqué le directeur général du Canada Don Sweeney. « Tu dois absolument gagner l’un de tes deux premiers matchs. Tu n’as pas le choix. »

Les équipes recevront trois points pour une victoire en temps réglementaire, deux points pour un gain en prolongation ou en tirs de barrage et un point pour une défaite en prolongation ou en fusillade.

Vous pouvez donc imaginer l’importance du programme double qui aura lieu au TD Garden de Boston le 17 février, quand le Canada affrontera la Finlande et que la Suède se mesurera aux États-Unis. Il pourrait décider des participants au match de championnat, qui aura lieu au même endroit le 20 février.

Sweeney, DG des Bruins de Boston, s’est entretenu avec LNH.com au sujet de l’équipe du Canada alors qu’il assistait à un match réunissant les meilleurs espoirs américains au USA Hockey Arena de Plymouth, au Michigan, jeudi. Il a offert de bons commentaires au sujet des combinaisons de trios et paires de défenseurs, de la situation des gardiens et des potentielles blessures.

Une partie du plaisir d’un tel événement est d’essayer de déterminer les trios. Est-ce que le Canada alignera une unité composée de joueurs néo-écossais en Sidney Crosby, Nathan MacKinnon et Brad Marchand?

Sweeney a souri et lancé la balle à l’entraîneur Jon Cooper, mais il a fourni un aperçu du processus qui a mené à la création de la formation et à l’impact que ça aura sur les combinaisons.

Chaque équipe a dévoilé ses six premiers joueurs le 28 juin et a dû assembler le reste de sa formation de 23 joueurs à partir de là. Quand la direction du Canada et les entraîneurs se sont rencontrés au cours de l’été, tout le monde a soumis sa propre formation. Ils ont surtout discuté des joueurs plutôt que des trios et des paires en défense.

Le Canada mise sur un immense bassin de talent, incluant plusieurs joueurs de centre qui peuvent jouer à l’aile, mais ça fait en sorte que l’équipe a des décisions difficiles à prendre. Chaque pays a dévoilé sa formation complète le 4 décembre.

En attaque, Cooper et ses adjoints ont déjà déterminé les joueurs qu’ils feront jouer au centre. Ç’a été le point de départ, et tout le monde s’est entendu pour bâtir la formation autour d’eux. Cooper est d’avis qu’il faut mettre en place des duos, puis leur adjoindre un troisième joueur complémentaire.

« Au-delà de ça, il n’y a rien de coulé dans le béton, a dit Sweeney. Nous savons qui seront nos centres, donc je pense qu’il s’agissait d’un exercice très important. »

En défensive, il est logique de jumeler Cale Makar et Devon Toews, qui jouent déjà ensemble avec l’Avalanche du Colorado.

« Derrière eux, ça dépendra des confrontations et des situations dont nous voulons tirer avantage », a souligné Sweeney.

Les gardiens sont le plus gros point d’interrogation du Canada.

Parmi les gardiens canadiens, Logan Thompson, des Capitals de Washington, est le meneur de la LNH au chapitre des victoires (20). Lui et Darcy Kuemper, des Kings de Los Angeles, sont à égalité au sommet de la LNH au chapitre du pourcentage d’arrêts (,924), et Mackenzie Blackwood, maintenant avec l’Avalanche, est deuxième (,918).

Aucun d’eux ne fait partie de l’équipe.

Mais la décision a dû être prise il y a plus d’un mois. Dans le cas de Blackwood, il évoluait encore avec les Sharks de San Jose, où il montrait un dossier de 6-9-3 avec une moyenne de 3,00 et un taux d’efficacité de ,909. Il a été échangé au Colorado le 9 décembre et conservé une fiche de 9-3-1 avec une moyenne de 1,87 et un pourcentage d’arrêts de ,931 là-bas.

« Aurions-nous aimé pouvoir attendre? », a demandé Sweeney. « Idéalement, oui. Dans un monde parfait, nous aurions attendu. […] Mais les règles sont les règles. »

Le Canada est tout de même à l’aise avec ses gardiens. Jordan Binnington a remporté la Coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 2019 et Adin Hill l’a imité avec les Golden Knights de Vegas en 2023. Samuel Montembeault a gagné le Championnat du monde sénior de la FIHG en 2023.

Qui sera le partant lors du premier match du Canada? Est-ce que Sweeney sera sur place pour évaluer Binnington et Hill quand les Blues et les Golden Knights vont s’affronter deux fois en quatre jours les 20 et 23 janvier?

« Les voir en personne ne va pas changer mon opinion à propos de leur rendement », a-t-il lancé en riant.

Sweeney a indiqué que cette décision reviendra aux entraîneurs, mais qu’il faudra tenir compte d’un facteur en particulier : la charge de travail.

« Le niveau d’utilisation des gardiens avant le tournoi pourrait aussi entrer en ligne de compte », a-t-il précisé.

Sweeney a mentionné que pour le moment, les entraîneurs communiquent les détails des systèmes de jeu aux joueurs, sans les bourrer d’information pendant qu’ils sont encore avec leur équipe de la LNH.

Les dirigeants ne font plus le tour de la Ligue pour évaluer des joueurs comme en début de saison, mais ils continuent à surveiller certains joueurs en cas de blessure.

« Je pense qu’elles sont inévitables d’ici au tournoi, a mentionné Sweeney. Nous espérons qu’il n’y en aura pas, et notre équipe est faite. Mais il est probable que nous ayons à apporter des ajustements à notre formation. »

Alors, le Canada a-t-il certaines inquiétudes concernant des blessures?

« Nous savons toujours quand certains joueurs jouent malgré une blessure mineure ou persistante, donc nous devons être vigilants et analyser tous les joueurs qui pourraient s’imposer dans un rôle différent ailleurs dans la formation, a noté Sweeney. En ce moment, nous sommes chanceux. Nous avons plusieurs centres et plusieurs joueurs qui peuvent jouer à deux positions au sein de l’équipe. »

Sweeney anticipe-t-il des problèmes avec des joueurs aux prises avec une blessure persistante? Y aura-t-il des conversations délicates à avoir avec certaines équipes de la LNH?

Il a parlé du défenseur des Bruins Charlie McAvoy, qui fait partie de la formation des États-Unis et qui a subi une blessure dont la nature n’a pas été divulguée.

« McAvoy est à l’écart pour nous en ce moment, a-t-il dit. Nous nous attendons à ce qu’il soit de retour, mais tu ne le sais pas. Et ultimement, nous avons tous un travail principal, et il s’agit de la priorité.

« On ne changera pas la mentalité des joueurs. Ils vont vouloir participer à cet événement. Ils l’attendent depuis longtemps. Plusieurs d’entre eux n’ont même jamais pris part à un tournoi réunissant les meilleurs. Je crois qu’ils vont tout faire pour participer au tournoi.

« Les équipes auront leur mot à dire. Ultimement, ce sera la responsabilité du joueur d’être honnête. »

Sweeney a souligné que la LNH a des matchs à son calendrier jusqu’au 9 février, donc des blessures pourraient survenir trois jours avant le premier match.

« Nous croisons les doigts pour avoir la formation que nous avons assemblée, mais nous sommes prêts à remplacer un joueur », a-t-il dit.

Le Canada a remporté les trois derniers tournois réunissant les meilleurs joueurs, mais Sweeney sait à quoi l’unifolié va se mesurer.

Il a affirmé que les États-Unis sont « bourrés de talent », du gardien Connor Hellebuyck jusqu’au reste de l’équipe.

« Ils ont la force de frappe, a-t-il noté. Leur défensive est extrêmement mobile. Nous devrons jouer derrière eux et les faire travailler, car si tu leur donnes le jeu de transition, ils vont être capables de faire du dommage. »

Certains pourraient négliger la Suède ou la Finlande. Le Canada ne pourra pas se le permettre.

« Nous affrontons la Suède en lever de rideau, et sa défense a beaucoup d’expérience avec des joueurs qui ont disputé des matchs à gros enjeu, donc ils ne seront pas intimidés par le Canada et le fait de jouer à Montréal, a mentionné Sweeney. Ils vont composer parfaitement avec cet environnement. Ils seront prêts à jouer. Leurs gardiens sont très bons cette année. Ils ont du talent et ils ne vont pas dévier de leur façon de jouer.

« Et ce sera pareil avec les Finlandais. Ils peuvent te battre. Ils sont à l’aise dans un match de 1-0, mais ils ont suffisamment de force de frappe avec [Aleksander] Barkov pour te faire mal. »

Les observateurs disent que le Canada a suffisamment de profondeur pour assembler plusieurs équipes qui pourraient rivaliser avec les trois autres pays.

C’est peut-être vrai.

Le problème est que le Canada ne peut qu’en aligner une seule.

Vu de cette façon, on pourrait dire que Sweeney a eu la tâche la plus difficile parmi tous les DG.

Questionné à savoir s’il était soulagé à l’annonce de la formation ou s’il a continué à mal dormir, Sweeney a répondu : « Tu vas toujours te poser des questions. Nous savions dès le départ qu’il y aurait des critiques, peu importe la façon de construire l’équipe. Tu dois faire confiance à ce en quoi le groupe croit.

« Ce n’est pas la décision d’une seule personne. La façon de bâtir est une décision collective. C’était exceptionnel de voir à quel point nous sommes devenus sur la même longueur d’onde à travers ce processus. Nous nous sommes adaptés aux philosophies des uns et des autres. Il y a quand même eu des décisions finales dont nous avons dû discuter, mais dès le départ, nous le savions.

« Et nous savions que nous allions décevoir certains joueurs et partisans. […] Il y a de très bons joueurs qui pourraient facilement faire partie de cette équipe. La question est de déterminer comment tu veux bâtir l’équipe jusqu’au dernier joueur.

« Le plus grand défi n’était pas d’accepter de se faire remettre en question, mais plutôt de choisir entre deux joueurs qui méritent autant l’un que l’autre d’être sélectionné. »