TORONTO — L’ironie n’a pas échappé à Mitch Marner.
Samedi soir au Centre Bell, lorsque Marner et les Maple Leafs de Toronto vont rendre visite aux Canadiens de Montréal (19 h HE; NHLN, CBC, TVAS, SNE, SNO, SNP), il sera hué. Il le sait. C’est ce que les partisans font à Montréal – ils se moquent des joueurs des Maple Leafs. C’est ainsi que ça s’est déroulé au cours des 386 visites précédentes de Toronto dans la métropole québécoise au cours de cette rivalité vieille d’un siècle.
Cependant, 25 jours après ce match, il va passer de zéro à héros.
Le 12 février, l’attaquant des Maple Leafs va troquer la feuille d’érable bleue et blanche de son uniforme torontois pour celle rouge et blanche de l’uniforme du Canada afin d’affronter la Suède dans le cadre du match d’ouverture de la Confrontation des 4 nations. Ce soir-là, dans le même amphithéâtre, les quolibets vont se transformer en encouragements.
« Ce sera assurément différent, a confié Marner à LNH.com. On peut apprécier ce qui se passe quand tout un pays se range derrière une même cause et que nous devenons une nation, une équipe.
« Ce sera quelque chose de très cool, et nous allons tous adorer ça. »
Marner ressent les mêmes sensations que lors de la dernière occasion où il a représenté son pays dans un tournoi réunissant les meilleurs joueurs au monde, soit la Coupe du monde de hockey 2016. La Confrontation des 4 nations se déroulera du 12 au 20 février à Montréal et à Boston, et mettra aux prises le Canada, les États-Unis, la Suède et la Finlande.
Pour sa part, l’entraîneur du Canada Jon Cooper ne pourrait être plus heureux de miser sur l’attaquant de 27 ans.
Les deux hommes ont appris à se connaître au terme de la saison recrue de Marner en 2016-2017. Le rapide ailier venait de récolter un impressionnant total de 61 points (19 buts, 42 passes) en 77 matchs de saison régulière avant que les Maple Leafs ne subissent l’élimination en six matchs au premier tour des séries éliminatoires contre les Capitals de Washington.
Marner s’est empressé d’accepter l’invitation du Canada afin de rejoindre l’équipe au Championnat du monde à Cologne, en Allemagne, et à Paris, en France. Sous la férule de Cooper, le pilote du Lightning de Tampa Bay, Marner a terminé au deuxième rang, derrière Nathan MacKinnon, chez les pointeurs canadiens avec 12 points (quatre buts, huit passes) en 10 parties pour aider le Canada à remporter la médaille d’argent.
Cooper et Marner sont depuis très proches, et il est souvent possible de les voir en grande discussion après les duels entre les Maple Leafs et le Lightning. Alors lorsque Cooper a été nommé entraîneur du Canada pour la Confrontation des 4 nations, Marner a sans surprise immédiatement atterri sur son radar.
« S’il parle aux médias ou quelque chose comme ça lorsque nous le croisons à Tampa, je tente toujours de lui dire bonjour et de prendre des nouvelles de lui et de sa famille, a raconté Marner. Il est une excellente personne et quelqu’un avec qui il est agréable de passer du temps.
« Au cours du Championnat du monde après ma saison recrue, il semblait vraiment apprécier mon jeu, et j’en étais évidemment très reconnaissant. Il est un entraîneur fantastique. Il m’a uniquement dirigé lors de ce tournoi, mais ce qu’il a accompli depuis à Tampa, avec deux conquêtes de la Coupe Stanley, c’est évidemment remarquable. »
Cette admiration est mutuelle.
« Je suis un grand partisan de Mitch Marner », a assuré Cooper, ajoutant qu’il avait remarqué que le jeu et la personnalité de Marner avaient changé depuis ce tournoi.
De quelle manière?
« Probablement au chapitre de la confiance et de l’attitude, a-t-il répondu. Il en a toujours eu, mais on peut le remarquer encore plus dans sa manière de jouer. Il a toujours eu ça en lui, mais je pense qu’il le laisse transparaître un peu plus, et d’une bonne manière.
« Il ne fait pas ça de manière arrogante. Tout ce qu’il fait correspond à un objectif. Et la manière dont il réfléchit sur la glace… c’est fantastique la manière dont il pense sur la patinoire. Il fait partie de l’élite dans cette facette du jeu. »
Il le démontre certainement cette saison. Parmi les patineurs nés au Canada dans la LNH, il est troisième au chapitre des points avec 62 (14 buts, 48 passes), derrière MacKinnon (72), de l’Avalanche du Colorado, et le joueur de centre des Oilers d’Edmonton Connor McDavid (64).
Au début du mois de septembre, Marner s’est rendu à Vail pour participer à un camp de développement auquel prenaient également part ces deux vedettes ainsi que le centre des Penguins de Pittsburgh Sidney Crosby. L’entraîneur personnel de ce dernier, Andy O’Brien, avait organisé l’événement. Tous ont été impressionnés par ce que l’ailier des Maple Leafs pouvait accomplir.
« Il est tellement habile, a souligné Crosby. Il est très agile sur la glace. Il est capable de se créer du temps et de l’espace, et il est un excellent fabricant de jeux.
« Il est juste un excellent joueur de hockey complet. Sa vision du jeu est exceptionnelle. »
L’expérience a montré à Marner à quel point le Canada pourrait placer la barre haut le mois prochain.
« Évidemment, quand tu t’entraînes avec un groupe aussi talentueux que celui de Vail, c’est époustouflant, a-t-il dit. Pas seulement d’être sur la glace avec eux, mais de t’entraîner avec eux, de les regarder et de vivre avec eux pendant quelques jours durant l’été. C’était génial de passer du temps hors de la glace avec eux et de tisser des liens.
« Ils sont de grands joueurs de hockey et de bonnes personnes. »
De grands joueurs qui seront bientôt ses coéquipiers.
« Je n’ai pas réfléchi aux trios, aux unités de jeu de puissance ou quoi que ce soit, a-t-il indiqué. Je me suis concentré sur les Maple Leafs.
« En même temps, tu veux contribuer pendant le tournoi et aider ton équipe à gagner des matchs. Tu es simplement heureux d’être là. »
Pour une fois, les partisans au Centre Bell seront heureux qu’il soit là eux aussi.