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MONTRÉAL – Kirby Dach a ouvert la marque, Patrik Laine a dégainé comme il le fait si bien en supériorité numérique et Josh Anderson a déjoué Joseph Woll d’une superbe feinte du revers pour ajouter un troisième but au tableau, et un deuxième en seulement neuf secondes.

À 3-0 après une période contre les Maple Leafs de Toronto, il y avait un parfum de séries à l’intérieur du Centre Bell. Les nombreux partisans vêtus de gilets bleus restaient bien sages et ils ne scandaient plus le classique : « Go Leafs Go. »

Arber Xhekaj avait également refusé une invitation à valser avec Ryan Reaves en fin de première période et il l’avait renversé d’une percutante mise en échec au début du deuxième engagement.

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Jusqu’au premier but des visiteurs, celui de Bobby McMann à mi-chemin en deuxième, les Canadiens de Montréal donnaient tous les signaux d’une équipe qui désirait prolonger sa formidable séquence. Depuis plusieurs semaines, elle trouvait des façons de gagner et elle ne cassait plus à l’intérieur d’un match.

Mais il y avait encore bien du temps au tableau indicateur. Assez de temps pour voir les Leafs marquer sept buts d’affilée et sortir du Centre Bell avec une victoire de 7-3.

« En rentrant en troisième période, nous restions dans une bonne position (avance de 3-2), mais les Leafs avaient gagné du rythme, a expliqué le défenseur David Savard. Je n’ai rien ressenti de particulier dans le vestiaire après 40 minutes. Ils ont profité de leurs chances dès le début de la troisième période et ils nous ont fait mal. Ça nous a un peu dégonflés. Nous avons répliqué avec quelques présences sans toutefois réussir à marquer. »

« Je ne dirais pas que nous étions plus fragiles quand les Leafs ont commencé à réduire l’écart, mais ils ont dicté le jeu pour environ 15 ou 20 minutes, a renchéri le défenseur Alexandre Carrier. C’était un match assez serré. Nous avons manqué plusieurs chances et ils ont ajouté plusieurs buts alors que le match était fini. À mes yeux, nous n’étions pas fragiles, pas du tout. Nous aurons maintenant comme défi de rebondir contre les Rangers dès dimanche. »

En conférence de presse après le match, Martin St-Louis n’arrivait pas à ajuster sa chaise sur le podium. Cette situation loufoque, où il disait qu’il avait le sentiment de se retrouver assis sur un bottin téléphonique, lui a probablement permis de garder son calme après cette défaite.

« C’était un drôle de match, a affirmé l’entraîneur en chef. Nous avons joué une très bonne première période. Même en deuxième, j’aimais notre jeu. Nous aurions pu mener par plus que trois buts. Nous avons frappé la barre horizontale (Christian Dvorak), nous avons perdu la rondelle et les Maple Leafs ont profité d’un deux contre un pour réduire l’écart à 3-1. Nous avons écopé de quelques punitions et il y a eu des actions qui ont aidé les Leafs en troisième période. Je leur donne du crédit. Et leur gardien a bien joué. »

Montembeault s’en voulait

Joseph Woll a rapidement retrouvé ses esprits dans ce match. Il n’a jamais été ébranlé par les trois buts des locaux en première période. L’homme masqué des Maple Leafs a bloqué 32 tirs, dont 22 dans les 40 dernières minutes, pour signer sa 16e victoire de la saison.

À l’autre bout de la patinoire, Samuel Montembeault a été déjoué six fois sur 33 tirs. William Nylander a marqué le but égalisateur dès la 24e seconde en troisième période et Oliver Ekman-Larsson l’a surpris d’un tir de la pointe des poignets en supériorité numérique un peu plus de quatre minutes plus tard.

Les Leafs n’ont plus jamais ralenti quand ils ont pris les devants.

« Au début de la troisième période, nous étions dans une bonne position, a rappelé Montembeault. De mon côté, j’aurais voulu être meilleur. Je devais réaliser les gros arrêts pour conserver notre avance. Le match a fini par nous glisser entre les doigts. »

Le CH cherchera maintenant à oublier rapidement ce revers contre les Leafs. Sur le plan individuel, Lane Hutson tentera aussi de chasser de son esprit cette visite de la bande à Auston Matthews. Le défenseur recrue a terminé avec un dossier de -5. Il n’avait pas son aplomb des dernières semaines, se faisant souvent déjouer et battre à un contre un. On lui pardonnera. On placera ce faux pas sous le signe de l’inexpérience.

Avec un dossier de 22-19-4, le Tricolore reste encore au plus fort de la course pour une participation aux séries. Mais pour y demeurer, les « Glorieux » auraient besoin d’éviter de subir plusieurs défaites d’affilée, un fléau qui frappait l’équipe en début de saison.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 10

C’est le nombre de tirs décochés par Cole Caufield dans ce match. Le petit attaquant a été blanchi de la colonne des buts dans deux matchs de suite pour la première fois depuis les 21 et 23 décembre.

Une page d’histoire

C’était seulement la troisième fois dans l’histoire que les Maple Leafs parvenaient à effacer un déficit de trois buts face au Tricolore – c’est arrivé en 2019 et en 1969, mais c’était la première fois dans l’amphithéâtre montréalais. Les partisans torontois en ont profité pour entonner le « Olé! Olé! Olé! » en dérision.

« C’est une grande rivalité et ce n’était pas simplement un match comme un autre, a dit l’entraîneur Craig Berube. Les Canadiens jouent extrêmement bien ces temps-ci et on l’a vu en première période. Quand nous nous sommes mis à jouer de la bonne façon, les choses se sont replacées. Notre gardien a mené la charge. »

Woll s’est en effet dressé devant sa cage à des moments cruciaux pour garder les siens dans le match. Le talent de l’équipe a ensuite pris le dessus.

« Il n’y avait aucun doute que nous pouvions revenir dans ce match, a dit Auston Matthews. Nous n’abandonnons jamais et nous avons entrepris la remontée une présence à la fois. On n’a pas tenté de tout faire en même temps. On a pris le dessus sur eux de la bonne façon. »

McMann avec l’aide de Knies

Sur le but qui a amorcé la remontée des Maple Leafs, Bobby McMann a réussi à faire opérer la magie avec un bâton qui n’était pas le sien. L’attaquant a perdu son outil de travail et est passé au banc des siens pour en récupérer un – il s’est arrêté sur l’offrande de Matthew Knies.

Quelques instants plus tard, il inscrivait son 13e de la saison en déjouant Montembeault d’un tir précis.

« Certains gars m’ont offert leur bâton et j’ai pensé que celui de Knies se rapprocherait le plus de ce que j’ai, a expliqué McMann. Le ruban blanc était la seule différence, mais je n’y ai pas pensé. Le feeling était bon. J’ai gagné une bataille avec et j’ai dû me pencher un peu plus pour tirer. Ç’a bien fonctionné. »

Le principal intéressé a été la cible de taquineries de la part de ses coéquipiers et il songera peut-être à changer son ruban noir pour du ruban blanc.

« Ce n’est pas une chose facile à faire de marquer avec le bâton de quelqu’un d’autre, a vanté Matthews. Il est parvenu à le faire, et ç’a amorcé la remontée. »

Pacioretty s’adapte

Max Pacioretty a connu six saisons de 30 buts ou plus : cinq dans l’uniforme du CH et une avec les Golden Knights. Mais à 36 ans, il n’est plus l’ombre de l’ancien redoutable marqueur qu’il a déjà été. L’ancien capitaine du Tricolore le sait et il a changé sa façon de jouer pour prolonger sa carrière.

Il en a payé le prix samedi, quand il a reçu la déviation du tir de Matthews en plein sur le côté du visage alors qu’il était posté devant le filet et est revenu au jeu avec une protection buccale. En 32 matchs avec les Maple Leafs, sa première saison à Toronto, Pacioretty a obtenu 12 points (cinq buts, sept passes). Il est au cinquième rang chez les Leafs avec 89 mises en échec, deux de moins que Ryan Reaves.

« J’apprends maintenant dans différents aspects du jeu, a-t-il affirmé en matinée. J’ai maintenant une vision bien différente pour nos joueurs qui apportent de l’énergie avec de bonnes mises en échec. Ils ne reçoivent pas toujours le crédit. J’ai aussi surmonté plusieurs obstacles au cours des dernières années et je peux encore plus estimer la valeur de mon parcours. »

- Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste principal LNH.com