Analyse : La bonne recette et des signaux de maturité chez les Canadiens

MONTRÉAL – Quand Nick Suzuki n’a pu déjouer Jake Oettinger pour confirmer cette victoire de 2-1 des Stars de Dallas en tirs de barrage, Samuel Montembeault a immédiatement patiné vers son banc sans attendre de recevoir les accolades de ses coéquipiers.

Du haut de la passerelle de presse, on pouvait deviner assez facilement que Montembeault bouillait intérieurement. Le gardien des Canadiens de Montréal n’avait rien d’un homme heureux même s’il venait d’offrir une très bonne prestation avec 34 arrêts contre l’une des équipes de l’heure de la LNH, les Stars.

Cette simple scène illustrait la mentalité du Tricolore des dernières semaines. Cette équipe en veut toujours plus. Elle a faim de victoires, faim de résultats.

Le CH n’avait pourtant pas à rougir de ce revers contre les Stars, qui ont signé un septième gain d’affilée grâce à un but de Jason Robertson et aux trois arrêts d’Oettinger contre Patrik Laine, Cole Caufield et Suzuki en fusillade.

« Je suis déçu du résultat final, mais on vient d’obtenir un gros point contre une très bonne équipe, a dit Montembeault qui avait eu le temps de retrouver son calme. C’était un match agréable à jouer, c’était du bon hockey des deux côtés. Oettinger a aussi connu un bon match. Les deux équipes pouvaient gagner. »

« Nous avons récolté un point, nous n’avons pas à baisser la tête après une telle performance, a renchéri le défenseur Kaiden Guhle. Nous venons de jouer deux matchs en deux soirs contre deux bonnes équipes. Nous avons perdu après un concours d’habiletés, on n’y peut rien. »

À l’instar de ses coéquipiers dans le vestiaire, Alexandre Carrier a retenu des points positifs de cette rencontre contre la bande à Jamie Benn.

« On ne peut pas dire qu’on est heureux du résultat, nous voulions le deuxième point contre les Stars, mais j’ai aimé la façon qu’on s’est battus dans un deuxième match en deux soirs, a noté le défenseur. Monty a gardé l’équipe dans le match, surtout en première période (16 arrêts). Avec les gros arrêts de notre gardien, on a réussi à retrouver nos jambes après une première période difficile. »

Du caractère dans cette équipe

On l’a écrit plus d’une fois dans les dernières semaines. Mais le CH a changé de visage depuis un mois pour se replacer dans le portrait des séries. Depuis le 17 décembre, l’équipe de Martin St-Louis a maintenu un dossier de 9-2-1 pour une récolte de 19 points sur une possibilité de 24. Aucune équipe de la LNH n’a obtenu plus de points depuis cette date.

Il n’y a pas juste les chiffres. Il y a surtout la manière. Après Noël, le CH a vaincu trois anciens champions de la Coupe Stanley en trois matchs sur la route : les Panthers, le Lightning et les Golden Knights.

Après un revers contre les Blackhawks à Chicago (4-2), les Canadiens ont trouvé une façon de rebondir dès le lendemain avec un gain de 2-1 en tirs de barrage contre l’Avalanche, une autre équipe récemment championne de la Coupe Stanley, à Denver. Deux jours plus tard, au premier match à la maison après un voyage de cinq rencontres sur des patinoires adverses, ils ont triomphé des Canucks de Vancouver 5-4 en prolongation.

Le CH a continué à défier les pronostics avec une récolte de trois points sur quatre dans une série de deux matchs en deux soirs qui n’avait rien de facile contre les Capitals à Washington et les Stars à Montréal.

Aux yeux de Martin St-Louis, c’est un signe que son équipe gagne en maturité en démontrant de la constance soir après soir dans des conditions difficiles.

« C’est une recette sur laquelle on travaille depuis longtemps, a noté l’entraîneur-chef. Tu peux avoir une très bonne recette, mais il faut que tu sois capable de la répéter. On a pris un pas au niveau de la maturité. On a plus de constance. Ça part avec notre attitude et notre mentalité. On fait plusieurs choses sur la glace qui ne se traduisent pas sur une feuille de pointage. Il s’agit d’actions parfois difficiles, mais il faut prendre soin de l’équipe. Cette énergie devient contagieuse. Quand tu as du succès, tu vois ta confiance augmenter. Mais ça part avec notre constance. On peut répéter d’un match à l’autre. »

Laine de retour et encore un but

Absent pour les quatre derniers matchs en raison de symptômes grippaux, Patrik Laine a utilisé une recette qu’il connaît par cœur. Le grand finlandais a marqué l’unique but des siens dans ce match en déjouant Oettinger d’un tir frappé qui a dévié sur le bâton du défenseur Ilya Lyubushkin.

Laine a touché la cible lors d’un cinq contre trois. Il a marqué son neuvième but de la saison, tous obtenus en supériorité numérique. Suzuki et Lane Hutson ont récolté les passes sur ce jeu. Des neuf buts du 92, Suzuki et Hutson ont agi comme complices à six reprises.

À son retour au jeu, Laine a suivi le rythme en compagnie de Kirby Dach et d’Alex Newhook. Il a également réussi une grosse mise en échec contre l’ailier Oskar Back en deuxième période.

« C’était un bon match pour moi, a affirmé Laine. Je n’aime jamais manquer de parties. J’étais heureux de retrouver mes coéquipiers. Je sens que j’ai joué un assez bon match. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match: 7

C’est le nombre de mises en échec distribuées par Juraj Slafkovsky, le plus haut total chez les deux équipes. Slafkovsky a aussi bloqué 5 tirs dans ce match.

« Je m’en viens tranquillement comme un joueur de quatrième trio, a lancé le Slovaque avec le sourire dans le visage. J’ai distribué quelques mises en échec, mais nous voulons jouer robuste. »

Robertson, comme une horloge

Quand il a vu que Jason Robertson allait s’élancer en tirs de barrage, Mavrik Bourque était plutôt optimiste quant aux chances des Stars de remporter ce match.

« Avec Jake (Oettinger) entre les poteaux et Robo comme tireur, j’étais assez confiant, a lancé l’attaquant québécois, qui disputait un premier match au Centre Bell. Robo est tout simplement différent. On dirait qu’il touche la cible toutes les fois. »

Vérification faite, l’attaquant des Stars n’est pas parfait, mais pas loin. Il a marqué deux fois en autant de tentatives, cette saison, et affiche une efficacité de 57,1 pour cent en carrière – le deuxième plus haut taux d’efficacité dans la LNH, derrière Artemi Panarin. Il a inscrit 16 buts en 28 tentatives au total.

Un retour graduel

Aux prises avec une blessure au haut du corps lors de quatre derniers matchs, le défenseur David Savard est revenu au jeu face aux Stars. Il a été utilisé pendant seulement 12:56, mais a tout de même eu le temps de bloquer trois tirs, fidèle à sa réputation. Il n’a pas donné de mise en échec.

« C’est certain que je voulais revenir le plus rapidement possible, mais quand l’équipe joue aussi bien, il y a une moins grande urgence, a-t-il commenté avant la rencontre. J’ai pris mon temps. Je me sens bien et je suis heureux d’être de retour. C’est toujours le fun d’être de la formation. »

St-Louis ne s’est assurément pas plaint d’avoir une option de plus sous la main à la ligne bleue. Contre les Capitals de Washington, la veille, Jayden Struble n’avait été utilisé que pendant 5:09 et n’avait pas touché à la glace en troisième période. C’est lui qui a sauté son tour face aux Stars.

Un arbitre au vestiaire

Le juge de lignes Michel Cormier a connu de meilleures soirées au boulot. Il a dû quitter la rencontre en fin de deuxième période quand la puissante tentative de dégagement du défenseur Ilya Lyubushkin l’a atteint directement à l’intérieur de la jambe droite.

Dès la mise au jeu au point central, l’arrière des Stars a pris la curieuse décision de décocher un tir frappé en plein centre de la patinoire, alors que son équipe évoluait en désavantage numérique. Il a probablement voulu évacuer de la frustration, lui qui venait à peine de faire dévier la frappe de Patrik Laine dans son filet.

Incapable de mettre du poids sur sa jambe, le Trifluvien s’est tout de suite dirigé vers l’infirmerie du Tricolore. Il n’est pas revenu dans le match, et n’a pas été remplacé en troisième période.

- Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste principal LNH.com