Anton Forsberg badge Thibault

Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.

Les Sénateurs d’Ottawa sont privés de Linus Ullmark depuis six matchs et force est d’admettre qu’ils ne sont pas la même équipe sans lui.

Le gardien numéro un compose avec une blessure au dos subie le 22 décembre contre les Oilers d’Edmonton, et on parle d’une absence qui va se compter en semaines. Vendredi, les nouvelles fournies par l’entraîneur Travis Green n’étaient pas particulièrement réjouissantes, quand il a affirmé qu’Ullmark a patiné légèrement en solitaire, sans donner plus de détails.

C’est vraiment dommage, puisqu’avant de se blesser, Ullmark traversait une excellente séquence, et son équipe aussi. Le vétéran de 31 ans a signé sept victoires consécutives du 5 au 21 décembre, affichant une moyenne de buts alloués de 0,99 et un pourcentage d’arrêts de ,967. Les Sénateurs avaient quant à eux signé six gains de suite avant le match fatidique contre les Oilers.

Je me disais alors que les Sénateurs avaient tourné le coin et qu’ils étaient peut-être en train de devenir l’équipe que tous attendent après plusieurs années de reconstruction. Ils avaient entamé du bon pied une longue et difficile séquence de neuf parties à l’étranger avec trois victoires et étaient au plus fort de la course pour une place en séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

Sauf que depuis qu’Ullmark est tombé au combat, les Sénateurs sont en déroute avec une fiche de 1-5-1 – j’inclus le match du 22 décembre contre les Oilers, dans lequel Ullmark n’a joué qu’une période. Ils sont encore à trois points du portrait des séries, mais ils devront renverser la vapeur rapidement, sans quoi ils vont se creuser un trou dont il sera impossible de s’extirper.

L’entraîneur Travis Green n’a d’autre choix que de se tourner vers Anton Forsberg et Leevi Merilainen pour tenir le fort. Les résultats ne sont toutefois pas au rendez-vous. Le premier montre un pourcentage d’arrêts de ,883 cette saison, tandis que le deuxième est à ,884.

Résultat : les Sénateurs ont accordé trois buts ou plus dans six de leurs sept derniers matchs, sans compter que l’attaque est en panne. La troupe de Green a inscrit seulement 10 buts au cours de cette difficile séquence et elle a été blanchie à deux reprises. Pas évident de gagner dans ce contexte.

Il faut dire que les Sénateurs sont une équipe qui fait encore beaucoup de grosses erreurs défensivement. On les voit souvent donner des échappées ou des montées à 2-contre-1 à l’équipe adverse. Ils ont beau être huitièmes dans la LNH pour la moyenne de tirs accordés par match (27,3), ils ne s’aident pas si ces lancers sont de qualité.

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Forsberg et Merilainen n’accordent pas uniquement des mauvais buts, mais ils n’arrivent pas à faire les arrêts clés non plus, ce qu’Ullmark faisait avant de se blesser. Il avait notamment signé deux blanchissages en trois sorties, les 13 et 17 décembre, dont un de 32 arrêts contre les puissants Hurricanes de la Caroline.

Néanmoins, j’aimerais voir Forsberg être un peu plus stable devant son filet. Sur les buts qu’il donne, il se fait souvent battre alors qu’il est en mouvement. Il est imposant à 6 pieds 3 pouces et 198 livres, donc il n’a pas besoin de se jeter partout devant son filet.

Quant à Merilainen, un autre gros bonhomme (6-3, 186), il est un peu plus stable que Forsberg, mais plus passif. Il gagnerait à être davantage combatif, notamment sur les tirs voilés et lorsqu’il accorde un retour.

Actuellement, le momentum n’est tout simplement pas avec les Sénateurs. Ils ne trouvent pas le fond du filet, et chaque erreur semble se transformer en but accordé. Ça devient démoralisant, et même si tu as de bons joueurs offensifs comme ceux d’Ottawa, la confiance s’effrite et tu peux te laisser emporter par une spirale négative. C’est la tempête parfaite.

Les Sénateurs doivent espérer qu’il y aura un déclic chez l’un de leurs deux cerbères. Parfois, il suffit de quelques gros arrêts, et ça insuffle de la confiance à tout le groupe.

Des renforts?

Si j’étais à la tête des Sénateurs, je serais très préoccupé par la situation. Je suis convaincu que le président des opérations hockey et directeur général Steve Staios évalue le marché des transactions, afin de voir s’il ne peut pas améliorer la situation de son équipe devant le filet.

C’est difficile parce que tu as le plafond salarial comme contrainte, et ce n’est jamais simple d’échanger des joueurs, surtout des gardiens. L’Avalanche du Colorado y est arrivée en transigeant ses deux gardiens en moins de deux semaines il y a environ un mois et demi, mais on ne voit pas ça souvent. Il y a aussi le fait que les équipes adverses, voyant la situation des Sénateurs, ne feront pas de cadeau à Staios.

Pour le moment, la solution devra provenir de l’interne. On ne peut pas non plus imputer tous les problèmes de l’équipe aux gardiens, et les attaquants doivent en donner plus.

Lors des six derniers matchs, seul le capitaine Brady Tkachuk a récolté plus de trois points. Les autres gros canons de l’équipe, les Tim Stützle (2 points), Claude Giroux (2), Drake Batherson (2), Jake Sanderson (2), Thomas Chabot (2) et Josh Norris (1), fonctionnent au ralenti.

Ça ne peut pas continuer ainsi. Les Sénateurs doivent rebondir et prouver que la reconstruction est chose du passé.

Propos recueillis par Hugues Marcil, pupitreur LNH.com.