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BOSTON – Dans son plan initial, Sacha Boisvert voulait passer les deux saisons de son passage dans les rangs universitaires américains dans l’uniforme des Fighting Hawks de l’Université du Dakota du Nord.

C’est pourtant dans la salle de conférence du Agganis Arena, domicile des Terriers de l’Université de Boston, que l’attaquant québécois nous rejoint, quelques minutes après être sorti de la patinoire au terme d’un entraînement avec sa nouvelle équipe.

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Vêtu d’un coton ouaté noir à l’effigie des Blackhawks de Chicago, l’équipe qui l’a repêché au premier tour (18e au total) en 2024, il vient d’achever sa préparation en vue des deux matchs du week-end contre Michigan State – il en jouera finalement un en raison d’une blessure à une épaule.

« J’ai adoré mon expérience (au Dakota du Nord), mais ça n’a pas tourné de la manière dont je voulais, explique le Trifluvien de 19 ans, d’entrée de jeu. Ça m’a amené à BU. Je suis content où je suis. Je continue d’avancer. Le but reste toujours le même et c’est d’avoir une grosse carrière dans la LNH. Il n’y a rien qui change. »

Rien ne laissait toutefois présager ce changement de cap. Boisvert a connu une excellente première campagne dans la NCAA – il a amassé 18 buts et 32 points en 37 rencontres – et a même décroché le titre de recrue de l’année de la section NCHC.

Le virage est survenu à la toute fin de la campagne quand l’entraîneur Brad Berry a été remercié. Boisvert s’est alors retrouvé dans un tourbillon, forcé de songer à son avenir.

« C’est Brad qui m’a recruté quand j’avais 15 ans, raconte-t-il. J’ai joué avec son fils à Muskegon, j’étais proche de lui et de la famille. Quand il a été congédié, je ne savais pas quoi faire. J’ai parlé à mon père, à mon agent. Pendant deux jours, je n’ai pas fait grand-chose. »

Le grand patineur a finalement décidé d’entrer sur le portail des transferts pour changer de programme, comme quelques-uns de ses anciens coéquipiers. Il n’avait alors qu’une idée en tête : jouer à l'Université de Boston. Il avait jadis été courtisé par cette prestigieuse université et avait bien failli pencher en sa faveur, il y a quelques années.

Les astres se sont finalement réalignés.

« Il avait déjà des affinités avec nous, on lui avait parlé avant qu’il décide d’aller au Dakota du Nord alors ça nous a aidés, avance l’entraîneur Jay Pandolfo, assis dans son très vaste bureau. On a perdu nos deux premiers centres au terme de la dernière saison, alors le temps de jeu allait être disponible pour lui ici.

« En réalité, il aurait été disponible pour lui partout à travers la NCAA, se corrige-t-il. Sacha est ce genre de joueur. »

Boisvert BU Lepage

Boisvert n’a donc pas été très difficile à convaincre. Après tout, il s’imaginait déjà dans le mythique chandail rouge et blanc quand il venait assister à certains de leurs matchs, à l’époque où il jouait à Mount Saint Charles Academy, une école préparatoire située à environ une heure de route du Agganis Arena.

Le programme bostonien cochait donc toutes les cases. Et la dynamique est complètement différente de celle qu’il y avait au Dakota du Nord : il se retrouve désormais entouré d’une panoplie d’espoirs de premier plan au sein d’une équipe qui a perdu en finale du championnat de la NCAA, l’an dernier.

« On veut gagner. Je sais que chaque équipe le dit, mais ici tu le sens vraiment, assure Boisvert. On a les morceaux et notre niveau de skills est vraiment élevé. Je pense à (Cole) Eiserman, (Cole) Hutson, (Ryder) Ritchie, (Gavin) McCarthy… Je pourrais tous les nommer.

« Ici, on est pleins de jeunes qui veulent tous jouer dans la LNH. Tu regardes tous les gars aller et tu peux prendre des choses de chacun pour améliorer ta game. Tu joues et tu apprends. Il y a de quoi de spécial là-dedans. »

Le sommet dans la mire

Cette nouvelle aventure bostonienne a commencé sur les chapeaux de roue quand Boisvert a inscrit un but et ajouté deux aides à son tout premier match. Sa blessure l’a cependant ralenti depuis, et il n’a joué que trois des six rencontres suivantes, récoltant une autre aide.

Dans ce bref échantillon de quatre matchs, Boisvert a montré des signes prometteurs au centre du premier trio, flanqué du franc-tireur Cole Eiserman et du fabricant de jeux Ryder Ritchie. On y voit déjà le signe d’une chimie grandissante et d’une occasion à saisir pour les trois complices quand ils pourront prendre leur élan.

« On a la chance d’être le meilleur trio de la NCAA, lance avec assurance le jeune homme de 6 pieds 3 pouces et 185 livres. On est au courant que les attentes sont très grandes. On veut marquer des buts, faire de beaux jeux, mais aussi bien faire les choses à chaque présence. On en est très conscients. »

C’est comme de la musique aux oreilles de Pandolfo. Il sait que Boisvert peut être un élément essentiel du premier trio, de la première vague du jeu de puissance et de l’unité d’infériorité numérique – de nouvelles responsabilités. Mais il aime encore davantage voir le nouveau venu s’établir comme un leader.

« J’aime la mentalité qu’il amène dans le vestiaire et j’aime entendre ce genre de choses de la part de nos joueurs, a vanté l’ancien spécialiste défensif des Devils du New Jersey. Ces trois-là adorent la game. Ils sont très compétitifs et ils veulent faire la différence. »

Les Terriers auront besoin de ça pour parvenir à leurs fins. Et de son côté, Boisvert fera un pas de plus vers la grande ligue s’il est en mesure de guider sa nouvelle équipe jusqu’à la terre promise. Ce sera gagnant-gagnant.

« Le plan, c’est une saison ici et ensuite la LNH. C’est ça mon but, conclut-il. J’ai eu un gros été, je veux avoir une grosse dernière saison, et faire le saut (avec les Blackhawks) après. That’s it. »