NIAGARA FALLS, Ont. – Caleb Desnoyers a esquissé un sourire et n’a pu se retenir d’échapper un petit éclat de rire lorsqu’il a entendu notre question. La réponse était probablement trop évidente.
Au premier jour du camp d’entraînement de l’équipe canadienne en vue du Championnat mondial junior, l’attaquant québécois et les 26 autres joueurs invités venaient de passer tout près de deux heures à travailler sans relâche, la pédale au plancher, sur la glace du Gale Centre de Niagara Falls.
En lui posant une question sur le rythme de la pratique, on lui a dit que ça « semblait » avoir été intense.
« C’était assez intense et rapide, vous n’avez pas tort », a-t-il ricané, les joues bien rouges. « Les gars veulent tous bien faire. La réalité, c’est qu’il reste des gars à couper et tout le monde est ici pour se faire une place. »
L’autre réalité, et c’est celle qui a pris toute la place samedi, c’est que le Canada a subi deux éliminations consécutives en quarts de finale – une première dans l’histoire récente du tournoi – et qu’il a de grandes choses à se faire pardonner. Aux grands maux, les grands moyens.
Il y a d’abord eu les changements organisationnels – la nomination d’un directeur général à temps plein, Alan Millar, et d’un entraîneur à temps plein, Misha Donskov – mais surtout les changements dans l’approche et la préparation en vue du tournoi. C’était plutôt flagrant lors du premier entraînement.
« On voulait que ce soit haut en intensité, a soutenu l’entraîneur Dale Hunter. On a tenu des rencontres et des séances vidéo pour montrer aux gars comment on voulait jouer. Ils ont bien écouté et ils étaient prêts pour l’entraînement. Le niveau d’énergie était élevé, et ils veulent tous avoir du succès. »
Les trios et les paires défensives avaient été concoctés, tout comme les vagues d’unités spéciales. L’intensité et la robustesse étaient au rendez-vous, même que l’attaquant Cole Beaudoin a eu un léger accrochage avec le défenseur Zayne Parekh, qu’il venait de bousculer.
Comme il n’y a présentement qu’un joueur en trop à chaque position, on peut d’ores et déjà commencer à bâtir une chimie et à établir les systèmes de jeu. Dans les dernières années, on se servait des trois ou quatre premiers jours pour disputer des matchs contre USports, et continuer d’évaluer une trentaine de candidats.
Cette fois, après une seule journée, on a travaillé sur certains schémas de jeu, on a pratiqué les unités spéciales pendant près d’une heure et l’entraîneur spécialisé en mise au jeu, Mike Eagles, a conseillé les joueurs de centre. L’entraînement s’est conclu avec une séance de tirs de barrage.
« Tout est une question de détails dans une compétition à court terme comme celle-ci, a souligné Millar. Les tirs de barrage et les mises au jeu peuvent faire la différence. La marge d’erreur est tellement mince. »
Comme Voldemort
L’objectif de tout ça, vous l’aurez compris, est donc de tracer une ligne entre les insuccès récents et ce qui s’en vient pour l’équipe canadienne. Les deux éliminations hâtives sont comme l’équivalent de Voldemort dans la série Harry Potter – « Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ».
« Depuis hier, le mot qui ressort le plus c’est : humilité », a confié Desnoyers. « Là j’en parle, mais on ne veut pas trop parler des deux dernières années. On veut écrire notre propre histoire et être prêts à travailler chaque jour. »
Pour Desnoyers, c’est probablement plus facile de ne pas avoir le dernier tournoi en tête puisqu’il n’y était pas. Mais six de ses coéquipiers ayant vécu le plus récent affront contre la Tchéquie sont de retour au camp.
« Il y a beaucoup de motivation de notre côté », a dit l’attaquant Porter Martone, qui fait partie de ce groupe. C’est malheureux comment ça s’est terminé lors des deux dernières années. Mais c’est du passé. Maintenant, on l’utilise comme expérience, et nous y allons à fond de train. »
Il n’y a aussi vraisemblablement rien de garanti pour ceux qui possèdent cette expérience bien peu glorieuse, disons-le. Millar s’est assuré de passer son message.
« Ils doivent garder une chose en tête », a-t-il conclu, l’air sérieux. « Quand tu termines cinquième l’année précédente, tu peux seulement être considéré comme étant de retour si tu réussis à percer la formation. »


















