william lacelle lepage

Dans l’univers parfois singulier des gardiens de but, William Lacelle détonne. Le sympathique jeune homme a de la jasette, il se mêle à ses coéquipiers et prend même un rôle de leader chez l’Océanic de Rimouski. Il est loin du stéréotype de la bibitte à part, un peu trop dans son monde.

Jusqu’à ce qu’on lui demande s’il est superstitieux. C’est là qu’il fait honneur à sa profession.

« Je suis très superstitieux, avoue-t-il. Avant chaque match à domicile, à 17h12, je m’assois dans le siège I10 de la section 13 du Colisée. Je m’assois là pendant huit minutes, je fais deux tours de marches et je rentre au vestiaire. Pourquoi? Je n’en ai aucune idée. Ç’a marché une journée donc j’ai continué de le faire. »

De la façon dont vont les choses, ce rituel risque de perdurer, surtout dans une année aussi importante que celle de son admissibilité au repêchage. Et personne ne s’en plaindra à Rimouski.

Après avoir maintenu la meilleure moyenne de buts alloués dans la LHJMQ et avoir mis la main sur le titre de recrue défensive de l’année, Lacelle est de retour au sommet de son art. Il a gagné six des 11 matchs qu’il a disputés, maintenant une moyenne de buts alloués de 2,38 et un taux d’efficacité de ,922 – le deuxième dans le circuit.

L’Océanic n’est plus la puissance qui s’est rendue jusqu’en finale et qui a accueilli le tournoi de la Coupe Memorial, au printemps dernier. Parmi tout ce qui a changé, Lacelle est la constante.

« Will a connu une excellente saison, l’an dernier, il a été très impressionnant, a vanté son entraîneur Joël Perrault. Il est un gardien au potentiel énorme en qui l’on croit beaucoup. On avait hâte de le voir revenir au camp avec la façon dont sa saison s’était terminée. Tu vois qu’il est en mission, et ça paraît. »

Le pilote évoque rapidement la dernière campagne parce que c’est à ce moment que Lacelle s’est établi comme numéro un, à seulement 17 ans. C’est aussi à trois matchs de la fin du calendrier que le portier a subi une blessure qui l’a tenu à l’écart du jeu pendant plus de six semaines.

Pendant que son équipe amorçait la portion la plus importante de sa route vers le tournoi de la Coupe Memorial, il a été forcé de prendre son mal en patience. C’était la première blessure majeure de sa carrière.

« C’était tough, je voulais jouer en séries, s’est-il souvenu. Je voulais embarquer même si ça faisait mal. Mais on a pris notre temps et c’était la bonne décision. D’un point de vue positif, ça m’a permis de voir cette facette du sport, de voir comment gérer une réadaptation. C’était nouveau pour moi. »

Pendant son absence, son adjoint Mathis Langevin a si bien fait qu’il a conservé son poste même quand Lacelle a été rétabli de sa blessure. Ce dernier est finalement revenu au jeu en demi-finale contre les Cataractes de Shawinigan, lorsque Langevin s’est blessé à son tour.

Il a aussi joué deux matchs en finale face aux Wildcats de Moncton, et a regardé ses coéquipiers du bout du banc à la Coupe Memorial. Tout ça, sans jamais rechigner.

« Ce n’est jamais facile, a observé Perrault. Will est un compétiteur, il veut aider son équipe. Si ce n’était que de lui, il jouerait les 64 matchs. Il n’avait pas joué en un mois et demi, et il est revenu dans une situation aussi stressante que la demi-finale. Ce sont des matchs qui l’ont fait grandir, j’en suis persuadé.

« Il a été un très bon coéquipier malgré la frustration qu’il pouvait ressentir. Comme je dis toujours, il n’y a rien qui n’arrive pour rien. C’est une expérience qu’il a maintenant avec lui. »

Compétition et détermination

Connaissant la nature compétitive de Lacelle – il ne veut jamais accorder de but, même à l’entraînement – Perrault n’a pas été surpris par la façon dont son poulain s’est comporté à son retour au jeu en séries. Après tout, il avait convaincu l’état-major de l’Océanic qu’il était l’homme de la situation dès le mois de novembre.

L’équipe avait pourtant acquis le vétéran Samuel St-Hilaire pour cette grosse année remplie d’attentes. Lacelle lui a finalement ravi son poste.

« On savait tout le talent qu’il avait, mais avec l’importance de la saison et la pression qu’il y avait sur notre équipe, ça n’aurait pas été juste de le mettre dans la chaise du numéro un dès le début de la saison, a expliqué Perrault. Rapidement, il nous a montré qu’il était prêt à gérer cette situation-là. »

Lacelle n’aura finalement jamais eu la chance d’aller au bout de cette promesse en raison de sa blessure. Il aura malgré tout appris bien des choses en faisant face à autant d’adversité et en vivant une saison aussi intense au chapitre collectif. Il appliquera ces leçons à titre individuel dans les prochains mois.

« J’aborde les choses match par match et je ne regarde pas trop en avant, a-t-il souligné. C’est ce qu’on a fait comme équipe l’an dernier. On avance chaque jour et on va voir où ça va nous mener. »

C’est la mentalité qu’il a adoptée très tôt dans son développement. Malentendant – il est sourd de l’oreille gauche et entend à 50% de la droite – il a dû tracer son propre chemin sans trop de modèles à son image. Ça ne l’a jamais empêché de croire qu’il se rendrait aux portes de la LNH, là où il est maintenant.

« Je n’ai jamais eu de doutes, a-t-il conclu. Je n’ai pas besoin d’entendre la rondelle pour faire les arrêts. »

Il faut l’avouer, c’est un excellent point.