MURNIEKS BADGE LEPAGE

Olivers Murnieks n’avait que sept ans quand il a illustré son rêve ultime sur un bout de papier, un devoir qu’il devait faire à l’école primaire. Le Letton a vite gribouillé un joueur de hockey et un drapeau des États-Unis. Ça n’aurait pu être plus clair.

La saison dernière, dix ans plus tard, il a atteint son objectif en s’alignant avec une équipe de la USHL, suivant ainsi les traces de son frère Daniels. Le plan était de gravir les échelons jusque dans les rangs universitaires.

Mais ç’a changé quand on a décidé de permettre aux joueurs de la Ligue canadienne (LCH) d’éventuellement s’aligner avec les équipes de la NCAA. L’idée de passer au nord pour son année d’admissibilité au repêchage de la LNH a alors commencé à germer dans son esprit.

« Je me disais que je devrais peut-être changer de ligue, a expliqué l’attaquant en entrevue avec LNH.com. Au Mondial junior, j’ai parlé avec (mon compatriote) Eriks Mateiko et il m’a convaincu de faire le saut dans la Ligue canadienne. Il m’a beaucoup vanté Saint-Jean et les bénéfices pour mon jeu. Tout semblait parfait. »

Au mois de juillet dernier, il était repêché par les Sea Dogs – l’ancienne équipe de Mateiko – au repêchage européen de la LCH, et il faisait ses valises pour le Nouveau-Brunswick. Pour un jeune Letton, conscient depuis longtemps qu’il allait devoir traîner son baluchon, ce n’était qu’un arrêt de plus sur sa route vers la LNH.

La bonne nouvelle, c’est que son adaptation au mode de vie nord-américain était aussi déjà bien entamée. Son année passée à Sioux City, quelque part en Iowa, s’était somme toute bien déroulée.

« Dans les premiers temps, c’était plutôt difficile de me retrouver seul aux États-Unis, loin de ma famille pour une aussi longue période, a-t-il souligné. J’ai dû apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, mais mes entraîneurs, mes coéquipiers et ma famille d’accueil ont été incroyables.

« Ils m’ont tous permis de trouver ma place et je me suis amélioré en cours de saison. »

Il a conclu la campagne avec une récolte fort respectable de 15 buts et 35 points en 52 matchs. Il est maintenant l’un des six espoirs de la LHJMQ avec la cote B – un potentiel espoir de deuxième ou troisième tour – sur la liste des joueurs à surveiller du Bureau central de dépistage de la LNH.

Il pourrait donc rejoindre, en juin prochain, le groupe sélect de 44 joueurs lettons ayant été sélectionnés par une équipe de la grande ligue. Il peut s’agir d’un rêve parfois très lointain pour les jeunes hockeyeurs de ce petit pays, mais il prend lentement forme : six Lettons ont été repêchés lors des deux dernières années.

« Quand j’ai eu 14 ou 15 ans, j’ai vraiment commencé à penser que j’avais une chance, a dit celui qui a deux buts et 11 points en 18 rencontres avec les Sea Dogs. J’ai eu le sentiment que je pouvais faire quelque chose de spécial, quelque chose que très peu de Lettons ont réussi à faire.

« Il y a un peu de pression associée à ça, mais c’est de la bonne pression. Je sais que mes compatriotes seront fiers de moi. Le hockey grandit dans mon pays et je veux contribuer à ça. »

Des souvenirs pour la vie

Murnieks a déjà mis son grain de sel dans l’expansion de son sport en Lettonie au dernier Mondial junior – là où il a fait la rencontre de Mateiko, un espoir des Capitals de Washington. Ses coéquipiers et lui avaient causé la surprise en battant le Canada en tirs de barrage lors du tour préliminaire, puis en atteignant les quarts de finale.

Ce match du 27 décembre 2024, au Centre Canadian Tire, restera gravé à tout jamais dans sa mémoire. Les Lettons étaient venus de l’arrière deux fois dans les sept dernières minutes pour éventuellement causer une onde de choc en sol canadien, à Ottawa.

« C’était incroyable, s’est-il souvenu avec un grand sourire. Moi, j’étais simplement heureux de faire partie de l’équipe et de jouer un grand rôle sur le premier trio. Je me souviens du moment où j’ai mis le pied sur la glace et que j’ai vu à peu près 18 000 personnes dans les gradins. J’en ai encore des frissons. »

S’il continue de gravir les échelons, il pourrait bien jouer devant de gros arénas remplis plusieurs fois par semaine. Mais il préfère ne pas voir trop loin. La première étape sera de mettre son pied dans la porte.

« J’attends cette saison et cette année depuis fort longtemps, a-t-il conclu. C’est emballant d’être rendu ici, mais je sais que je ne peux pas m’en réjouir. Je dois continuer de travailler pour atteindre mon but. »