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TORONTO — Martin Brodeur est le gardien de but canadien le plus décoré des Jeux olympiques depuis que les joueurs de la LNH ont commencé à participer au tournoi en 1998. Son impressionnant palmarès comprend deux médailles d'or (2002, 2010), une fiche de 7-3-1 en 11 apparitions, une moyenne de buts alloués de 2,08 et un pourcentage d'arrêts de ,911.

Étant donné qu'il est également le gardien de la LNH qui détient le plus grand nombre de victoires (691), d'arrêts (28 928), de blanchissages (125), de matchs joués (1266), de minutes jouées (74 438:25) et même de buts marqués (2), est-ce qu'il existe quelqu'un de mieux placé pour analyser une situation à cette position?

Ce qui nous amène à ce qui se passe devant le filet du Canada pour les Jeux olympiques d'hiver de Milano-Cortina 2026 en février.

Alors que la composition définitive des équipes participantes sera annoncée début janvier, les amateurs canadiens ont de la difficulté à prédire qui défendra la cage lors du tournoi.

Il y a de quoi s'inquiéter, surtout si l'on examine le début de saison des trois gardiens qui ont représenté l'Unifolié lors de la Confrontation des 4 nations il y a neuf mois.

Adin Hill, des Golden Knights de Vegas, est blessé au bas du corps et son état de santé est réévalué hebdomadairement; Samuel Montembeault, des Canadiens de Montréal (5-5-1; 3,49; ,864), semble être en train de se sortir lui-même de la course pour une place aux Olympiques; et Jordan Binnington, des Blues de Saint-Louis (6-5-5; 3,11; ,882) manque de constance.

Mais il n'y a pas d'inquiétude à avoir, insiste Brodeur, qui ajoute que l'équation ne se résume pas à de simples statistiques. Le Québécois, qui est désormais vice-président à la direction des Devils du New Jersey, a discuté des Olympiques dans une entrevue individuelle avec le LNH.com, dimanche.

Tout d'abord, abordons l'un des sujets les plus populaires dans le monde du hockey, celui de Scott Wedgewood. Le gardien de l'Avalanche du Colorado s'est fait remarquer par Équipe Canada grâce à son début de saison, lui qui a une fiche de 13-1-3, une m.b.a. de 2,08 buts et un taux d'efficacité de ,920. Il a fait ses débuts dans la LNH avec les Devils en 2015-2016, puis a été rappelé par le New Jersey pour une deuxième saison en 2020 avant que les Coyotes de l'Arizona ne le réclament au ballottage en 2021. Quels sont vos souvenirs de ses deux passages avec les Devils?

« Je travaillais alors au sein des opérations hockey des Devils, et nous avions un surplus de gardiens. Je crois que nous en avions six. Nous avons fini par le placer au ballottage. “'Fitzy”' (le directeur général des Devils Tom Fitzgerald) et moi en rions aujourd'hui et nous admettons que c'était probablement une erreur. Nous n'avions pas d'autre choix que de le placer au ballottage. Nous avions trop de gardiens. C'est formidable de voir comment il joue aujourd'hui. »

COL@CHI: Wedgewood réussit un jeu blanc de 22 arrêts

Êtes-vous surpris de le voir atteindre ce niveau après plus d'une décennie passée à évoluer dans la LNH, notamment avec les Stars de Dallas et les Predators de Nashville ?

« Je connais très bien Scott. Il n'est pas très grand, mais j'ai toujours apprécié son éthique de travail. Et j'aime la façon dont il a transformé son style de jeu. Je pense qu'il fait davantage confiance à son instinct. Il lui a fallu passer par plusieurs équipes, Dallas, Nashville, pour changer la donne. Puis, il a été impliqué dans l’un des deux échanges du Colorado en un mois la saison dernière qui ont complètement transformé leur situation devant le filet. L'autre échange impliquait Mackenzie Blackwood. On ne voit pas souvent une équipe agir de la sorte en si peu de temps. Blackwood a commencé la saison sur la liste des blessés et Scott a su profiter de l'occasion. »

Et pour ce qui est du fait qu'il est maintenant un des candidats pour l'équipe canadienne?

« Comme je l'ai dit, il le mérite. C'est un passionné de ce sport. Je sais qu'il parle encore à notre ancien entraîneur des gardiens, Jacques Caron, environ une fois par mois pour parler d'aspects techniques, et d'un peu de tout, en fait. C'est un jeune qui veut encore s'améliorer, comme il l'a toujours fait. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour y parvenir et maintenant, il y parvient. Je suis heureux pour lui chaque fois que je le vois jouer. »

Au cours des deux dernières années, nous avons beaucoup parlé de la situation précaire dans laquelle se trouve le Canada en matière de gardiens de but en général. Qu’en pensez-vous?

« Les gens doivent comprendre que nous avons connu neuf années consécutives sans compétition internationale de haut niveau entre la Coupe du monde de hockey 2016 et la Confrontation des 4 nations. C'est une nouvelle génération de joueurs, une nouvelle génération de gardiens. Il y a Jordan (Binnington), Scott (Wedgewood), Logan Thompson des Capitals, et d'autres. S'il y a quelque chose qui ne change pas, c'est que c'est difficile d'être gardien pour le Canada. »

Dans un article publié en septembre sur LNH.com, notre collègue Dan Rosen mentionnait que vous aviez donné quelques conseils avisés à Binnington lors d'une partie de golf que vous avez jouée ensemble en 2024 à propos de la Confrontation des 4 nations qui s'en venait. Et bien sûr, il a été l'une des vedettes de la victoire 3-2 du Canada contre les États-Unis en prolongation lors de la finale. À l'approche des Jeux olympiques, quels conseils donneriez-vous – ou avez-vous déjà donnés – à Jordan ou à l'un des autres candidats à moins de trois mois des Jeux ?

« Comme je l'ai dit, c'est difficile d'être gardien de but pour le Canada. J'ai discuté avec “'Binner”' cet été. Je lui ai dit qu'il ne fallait pas toujours se préoccuper des statistiques. Parfois, les chiffres ne reflètent pas la qualité de ton jeu, surtout quand ton équipe connaît des difficultés. Si ta fiche est de 6-10, ça ne doit pas t'inquiéter en ce qui a trait à tes chances d'être choisi. Parfois, tu es à la merci de ton environnement. C'est comme ça quand tu es un gardien, surtout de nos jours où le jeu est très ouvert. Les personnes chargées de la sélection connaissent leur métier. Elles examinent l'ensemble de ton travail. Elles regardent comment tu joues, comment tu vois la rondelle et comment tu suis le jeu, des éléments comme ça. Est-ce que tes instincts sont bons? C'est l'ensemble de ton travail, et non celui de ton équipe, qui devrait intéresser Hockey Canada. »

STL@NYI: Binnington préserve l'avance de deux buts des Blues

À quel point est-ce que le fait que Binnington a remporté les 4 nations et un match 7 de la finale de la Coupe Stanley avec les Blues de Saint-Louis en 2019 a du poids dans la balance?

« Il faut avoir vécu ces situations. Oui, je pense qu'il faut avoir une certaine force mentale. [...] C'est en grande partie une question de sens du hockey. Sans cela, je pense qu'il est très difficile de performer sous pression, car vous vous limitez beaucoup en vous appuyant uniquement sur votre taille et votre technique, sans sortir de votre zone de confort. Quand vous lisez bien le jeu, quand vous êtes un bon athlète, vous êtes capable de reconnaître ce qu'il faut faire et quand il faut le faire. Mais si vous n'avez pas cela dans votre arsenal, je pense que ce sera vraiment difficile de performer. Si vous regardez tous les gardiens qui ont connu beaucoup de succès au fil des ans, la plupart d'entre eux sont d'excellents athlètes et savent très bien lire le jeu. »

Il faudrait peut-être que vous sortiez de votre retraite pour régler les problèmes du Canada devant le filet!

« Haha! Aucune chance! Le train est passé. Mais je vais encourager les gars. »