Fleury_MIN_up-close

CRANBERRY, Pennsylvanie – Marc-André Fleury n’est plus avec les Penguins de Pittsburgh depuis plus de sept ans.

Mais une petite partie de lui n’a jamais quitté la ville de l’acier.

Lors des matchs à Pittsburgh, on voit encore souvent des chandails avec le numéro 29 du gardien. Il n’est pas farfelu de croire que son chandail pourrait un jour rejoindre ceux de Mario Lemieux (66), Jaromir Jagr (68) et Michel Brière (21) dans les hauteurs du PPG Paints Arena.

Au plafond de l’aréna, il y a également cinq bannières de la Coupe Stanley accrochées. Fleury a contribué à hisser les trois plus récentes (2009, 2016, 2017).

L’aura de Fleury, le gardien le plus titré dans l’histoire des Penguins, ne s’est jamais dissipée.

Mardi, Fleury et le Wild du Minnesota seront à Pittsburgh (19 h HE; FDSNWI, FDSNNO, SN-PIT) pour ce qui sera peut-être la dernière visite du gardien québécois là où tout a commencé.

« Je vais prendre une profonde respiration et regarder autour de moi, a dit Fleury. J'ai de beaux souvenirs. J’ai été chanceux de jouer ici aussi longtemps. »

Il s’agira d’une deuxième occasion pour lui de dire au revoir.

MAF lifting cup with Penguins

Le 18 décembre 2023, Fleury était sur le banc pour ce que l’on croyait être son dernier match à Pittsburgh.

Evgeni Malkin a donné une avance de 3-0 aux Penguins à 3:34 de la deuxième période, et les partisans se sont mis à réclamer Fleury. Il n’a pas fait son entrée dans la rencontre. Filip Gustavsson a réalisé 26 arrêts dans une défaite de 4-3.

C’est facile de comprendre pourquoi les amateurs souhaitaient voir Fleury. Ce dernier a été le premier pilier de l’ère la plus prolifique des Penguins. Avant Sidney Crosby en 2005-06, ou Malkin et Kris Letang en 2006-07, un gardien de 18 ans natif de Sorel-Tracy avait fait ses débuts dans la LNH le 10 octobre 2003.

« Lui et Sid sont ceux qui ont remis la concession sur les rails, a affirmé Letang. Tout le monde connaît le reste de l’histoire. »

Repêché au premier rang en 2003, Fleury a accordé un but sur le premier tir auquel il a fait face, l’œuvre de l’attaquant des Kings de Los Angeles Éric Bélanger après 38 secondes de jeu en infériorité numérique dans une défaite de 3-0. Il a réalisé 46 arrêts sur 48 tirs au cours de ce match.

Durant ses deux premières campagnes, Fleury a montré un dossier de 17-41-8.

Le vent a fini par tourner. Il est aujourd’hui le gardien le plus victorieux (375) dans l’histoire des Penguins et il affiche également la meilleure moyenne de buts alloués (2,58). Son pourcentage d’arrêts de ,912 est le deuxième meilleur des Penguins, à égalité avec Casey DeSmith et derrière Matt Murray (,914).

« Je me considère comme chanceux d’avoir fait partie de cette équipe, a mentionné Fleury. J’ai eu de la chance d’avoir appris à la dure avec tous ces moments difficiles et ces défaites. »

Le moment le plus mémorable de la carrière de Fleury est survenu le 12 juin 2009. Dans le match no 7 de la finale de la Coupe Stanley contre les Red Wings de Detroit, il a plongé à la dernière seconde devant un tir de Nicklas Lidstrom, assurant une victoire de 2-1 aux Penguins pour leur offrir un premier championnat depuis les deux conquêtes consécutives de 1991 et 1992.

« Il est important », a souligné Crosby, capitaine des Penguins. « Il est important pour moi, pour l’organisation et, j’en suis certain, pour les partisans. »

En 13 saisons avec les Penguins, il y a également eu des bas. Lors des séries éliminatoires de 2010, Fleury a montré un taux d’efficacité de ,891 en 13 parties, qui a grimpé à ,899 en 2011, descendu à ,834 en 2012, puis remontré à ,883 en 2013.

« J’ai eu des moments difficiles, a admis Fleury. Les gens étaient tout de même derrière moi pour m’aider à m’en sortir. »

Un psychologue sportif a été embauché à l’été 2013. Le gardien chancelant en séries a disparu.

Fleury a montré une moyenne de 2,40 et un pourcentage d’arrêts de ,915 lors des séries de 2014, et il a fait encore mieux en 2015 (2,12; ,927). Ce ne fut quand même pas suffisant. Les Penguins ont bousillé une avance de 3-1 dans la série de deuxième ronde contre les Rangers de New York en 2014 et ils ont été éliminés de nouveau par les Rangers en 2015, cette fois au premier tour.

Murray, une recrue de 21 ans, est devenu le gardien numéro un dans le parcours jusqu’à la Coupe Stanley en 2016.

Fleury avait conservé une moyenne de 2,29 et un pourcentage d’arrêts de ,921 en saison régulière, deux sommets avec les Penguins. Mais une deuxième commotion cérébrale l’avait gardé à l’écart pour le début des séries, ce qui avait ouvert la porte à Murray.

Les rôles se sont inversés en 2017. Murray s’est blessé lors de la période d’échauffement avant le match no 1 de la première ronde. Fleury a obtenu le départ lors des deux premières rondes par la suite, réalisant notamment 29 arrêts dans un gain de 2-0 contre les Capitals de Washington dans le match no 7 de la deuxième ronde.

Son parcours a pris fin dans le match no 3 de la finale de l’Association de l’Est. Fleury a accordé quatre buts sur neuf lancers aux Sénateurs d’Ottawa et il a été remplacé par Murray. Il n’a plus jamais rejoué avec les Penguins, avant d’être choisi par les Golden Knights de Vegas au repêchage d’expansion 2017.

Là-bas, Fleury a rebondi. Il a maintenu un dossier de 26-10-0 avec une moyenne de 1,98 et un taux d’efficacité de ,928, deux records personnels, en 2020-21, remportant le trophée Vézina à titre de meilleur gardien de la LNH. Ses 562 victoires le placent au deuxième rang de l’histoire de la LNH, derrière Martin Brodeur (691).

En neuf rencontres face aux Penguins, le vétéran de 39 ans montre une fiche de 5-4-0 avec une moyenne de 3,05 et un pourcentage d’arrêts de ,906.

Les statistiques n’ont jamais été ce qui a fait de Fleury un joueur marquant à Pittsburgh.

« Il est très bon pour voir le côté positif, a dit Crosby. Il a de grandes attentes envers lui-même, mais il trouve quand même une façon d’avoir du plaisir et d’être décontracté. Il trouve le juste milieu. »

Le 14 juin 2017, Fleury hissait la Coupe Stanley avec Murray au Point State Park au centre-ville de Pittsburgh, comme pour faire la passation des pouvoirs.

Une semaine plus tard, Fleury devenait un membre des Golden Knights au T-Mobile Arena de Las Vegas. La veille, pour sa dernière apparition comme membre des Penguins, il avait signé des autographes dans un magasin tout près du centre d’entraînement de l’équipe.

« C’était important, a souligné Fleury. Le soutien que j’ai obtenu ici au fil des années est extraordinaire. […] Notre aréna a été plein pendant je ne sais combien d’années. Les partisans venaient aux matchs ou nous regardaient à la télévision et ils nous encourageaient. Donc pour moi, c’était une façon d’en rencontrer quelques-uns et de leur dire merci. »

Le Wild s'est exercé dans ce centre d’entraînement lundi.

En retournant au vestiaire depuis la deuxième surface glacée, Fleury a remarqué des adolescents en train de s’entraîner sur la glace principale. Il les a rejoints pour décocher quelques tirs.

« Comment peux-tu ne pas l’aimer? Honnêtement, c’est ça, la question, a lancé Letang. Sa personnalité… Il n’y a pas une once de méchanceté chez lui.

« Il se présente à l’aréna avec un grand sourire au visage. Il joue avec le sourire. Il est un excellent coéquipier, évidemment, donc c’est difficile de ne pas aimer un joueur comme lui. »

Contenu associé