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Les points de presse de la direction et de certains des joueurs sélectionnés pour faire partie d’Équipe Canada junior venaient tout juste de se conclure à l'étage « penthouse » d’un hôtel du centre-ville d’Ottawa.

Le groupe de 25 joueurs est alors passé devant l’espace de travail improvisé des journalistes pour entrer dans une salle adjacente. Quelques instants plus tard, le son de certains faits saillants émanait de derrière la porte close, entrecoupé par des interventions où les mots « last year » (l’an dernier) revenaient souvent.

« L’an dernier », comme dans la fois où le Canada a pris la cinquième place au Championnat mondial junior.

Il s’agissait là d’une autre preuve que cet échec a laissé des traces et qu’on ne veut manifestement pas commettre les mêmes erreurs alors que le tournoi se tiendra en sol canadien, à Ottawa, à compter du 26 décembre. Cinq des sept joueurs admissibles à un retour avec l’équipe ont réussi à se tailler un poste – l’attaquant Matthew Wood et le gardien Scott Ratzlaff ont pour leur part été retranchés.

« Nous sommes mieux préparés que l’an dernier, a indiqué le directeur général Peter Anholt. Ce n’est rien contre ce groupe. C’était juste différent. Nous sommes revenus à ce que nous faisions dans le passé en termes de préparation. […] Nous connaissons ces joueurs beaucoup mieux que ceux de l’an dernier.

« Il n’y a eu aucune surprise pour nous. Nous les avons vu jouer en masse. On sait qui ils sont et ce qu’ils peuvent apporter. Nous avons une équipe avec de la profondeur qui peut jouer de différentes façons. »

Le travail a été fait en amont. C’est maintenant aux joueurs de livrer la marchandise.

Voici cinq points à retenir sur la formation de ce groupe :

De la compétition à l’interne

La nouvelle règle permettant aux équipes de conserver les services de 25 joueurs – plutôt que 22 ou 23 – pourrait permettre à l’entraîneur Dave Cameron de jongler avec sa formation de match en match.

« C’est assez simple, a-t-il prévenu. Les meilleurs joueurs vont jouer. »

À chaque match, un attaquant, un défenseur et un gardien seront laissés de côté. Cette nouvelle réalité créera sans doute de la compétition à l’interne, ce qui n’était pas le cas lors des dernières éditions. Il sera intéressant de voir comment les équipes s’en serviront.

« Ça nous offre de la flexibilité, a indiqué Anholt. On a deux matchs en deux soirs en amorçant le tournoi. Les décisions seront prises avec comme objectif de participer au match pour la médaille d’or. S’il faut jongler avec notre formation, alors nous le ferons. J’aime la compétition interne. »

Une « petite » attaque

En retranchant Beckett Sennecke et Matthew Wood au dernier jour du camp de sélection, la direction a fait le pari de se priver de deux attaquants de 6 pieds 3 pouces en vue du tournoi.

Du groupe de 14 attaquants restants, seulement six mesurent au moins 6 pieds. Il pourrait s’agir là d’un enjeu lorsque la troupe de Cameron se mesurera à des équipes un peu plus robustes. Cet aspect a été analysé et ne semble toutefois pas déranger les dirigeants.

« L’an dernier, on a accordé de l’importance à ça, a rappelé Anholt. On n’est pas inquiet de ça cette année. On a regardé, et ce groupe respecte la moyenne des équipes qui ont décroché une médaille dans les dernières années. Nous avons des joueurs imposants qui sont rapides et difficiles à affronter. »

Faire la différence

Macklin Celebrini a fait de son mieux pour tenter d’aider son équipe à sortir de sa torpeur offensive l’an dernier, mais le jeune attaquant n’a pu tout faire seul. Ceux qui devaient être les gros canons de l’équipe – Matthew Savoie, Conor Geekie et Matthew Poitras – n’ont jamais été à la hauteur.

Qui sera celui qui fera la différence, cette fois? L’équipe compte sur le meilleur pointeur de la Ligue de hockey de l’Ouest en Gavin McKenna et sur le deuxième meilleur pointeur de la Ligue de hockey de l’Ontario en Porter Martone. On parle toutefois d’un attaquant de 17 ans et d’un autre de 18 ans. C’est beaucoup leur en demander.

Reste que Connor Bedard avait seulement cinq mois de plus que McKenna quand il a fracassé une poignée de records en amassant 23 points en sept petits matchs au CMJ 2023, à Halifax. Tout est donc possible. Pour le moment, du moins, Cameron semble placer la jeune sensation dans un rôle secondaire.

Il faudra donc que les vétérans fassent leur part. Easton Cowan, Berkly Catton et Bradly Nadeau, ce dernier évoluant dans la Ligue américaine, devront assurément sonner la charge offensivement. Jett Luchanko et Calum Ritchie, qui disposent d’un brin d’expérience dans la LNH, seront aussi à surveiller.

Une cargaison de papier sablé

Une chose est sûre, c’est que la direction a fait ses devoirs après la déception de l’année dernière. On avait reproché à l’édition précédente d’avoir trop fait dans la dentelle et de n’avoir jamais généré d’étincelle.

L’état-major a pris les grands moyens pour ne plus que ça se reproduise en sélectionnant plusieurs joueurs de talent, certes, mais qui offrent aussi un style d’attaquant de puissance. Martone vient en tête de lice, mais on pense aussi aux Tanner Howe, Cole Beaudoin et Ethan Gauthier.

Si ces trois derniers devaient former un trio, ça pourrait causer bien des maux de tête à l’adversaire.

« Il y a tellement de talent dans cette équipe, mais aussi beaucoup de joueurs qui ont cet aspect hargneux, a observé Gauthier. Ils ont mis l’accent là-dessus. C’était quelque chose qui était recherché cette année. Ç’a bien tombé parce que c’est pas mal ma game. »

D’un style à l’autre

Tout compte fait, l’équipe de direction a l’impression d’avoir bâti une équipe capable de s’adapter à différentes réalités. Un match physique? Pas de problème. Un match offensif? Pas de problème. Un match défensif? Pas de problème. Du moins, c’est ce qu’ils croient.

« Nous comptons sur un groupe diversifié, a analysé Anholt. On peut faire mal aux autres équipes de différentes façons. Si tu veux jouer d’une façon précise contre nous, on peut s’adapter facilement. »

Le directeur général a d’ailleurs souligné le beau mélange des genres qu’offre sa brigade défensive et la solidité de son trio de gardiens formé par Carter George, Carson Bjarnason et Jack Ivankovic.

« On a des défenseurs capables de bouger la rondelle, on a de la robustesse et on est imposants, a-t-il fait valoir. J’aime beaucoup leur mobilité et la façon dont ils s’en servent pour défendre. Les trois gardiens qui sont avec le groupe nous ont tous impressionnés au camp de sélection. »

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