Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.
En faisant l’embauche de Craig Berube à titre d’entraîneur-chef, il est évident que le directeur général des Maple Leafs de Toronto Brad Treliving souhaitait voir un changement de mentalité au sein de son équipe.
Jusqu’ici, force est d’admettre qu’il a gagné son pari. Reste à voir si ça tiendra encore en mai ou en juin.
La chose qui me frappe le plus depuis le début de leur saison, c’est que les Leafs sont bien meilleurs à 5-contre-5 qu’ils ne l’étaient dans les années passées. Quand on s’attarde aux statistiques d’équipe, on constate que leur avantage numérique leur confère le 18e rang de la LNH, alors que cette facette du jeu a longtemps été une de leurs forces. Le jeu de puissance pourrait évidemment faire mieux, mais leur rendement à forces égales est encourageant pour la suite des choses, puisque si tu veux gagner en séries éliminatoires, tu te dois d’être efficace à 5-contre-5.
Il faut souligner et louanger le travail de Berube. Quand il a remporté la Coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 2019, il n’avait pas sous la main une équipe qui comptait sur beaucoup de joueurs vedettes. Oui, il y avait les Vladimir Tarasenko, Brayden Schenn, Alex Pietrangelo et compagnie, mais ce ne sont pas des Auston Matthews, des Mitch Marner ou des William Nylander. J’aurais également été bien curieux de savoir qui aurait pu prédire que Jordan Binnington, méconnu à l’époque, allait aider les Blues à soulever la Coupe.
Mais l’ADN de cette équipe, c’est d'abord et avant tout qu’elle était difficile à affronter et bien balancée. C’est exactement ce que Berube est en train de faire avec les Maple Leafs. Sans dire aux meilleurs joueurs de ne pas exploiter leur talent, il leur demande d’être plus hargneux, de se salir les mains davantage. Bref, il veut que ses troupiers soient plus difficiles à affronter.
Treliving lui a donné un coup de main en remodelant le visage de la défensive. Il y avait déjà un peu plus de papier sablé avec les Jake McCabe et Simon Benoit, mais il y en a encore plus avec les ajouts des Chris Tanev, Jani Hakanpää et Oliver Ekman-Larsson, tous mis sous contrat pendant la saison morte.
Les Maple Leafs comptent sur de bons défenseurs, mais dirions-nous en regardant leur brigade, sur papier, qu’il s’agit d’une de leurs grandes forces? Pas particulièrement. Et pourtant, depuis le 1er novembre, cette défensive est la deuxième meilleure de toute la Ligue nationale de hockey avec une moyenne de buts accordés par match de 2,20. C’est vraiment le jour et la nuit avec les dernières saisons.
Il suffit de regarder Berube agir derrière le banc et de l’entendre dans ses points de presse pour comprendre qu’il est un entraîneur exigeant. Mais je suis certain qu’il est apprécié de ses joueurs. Laissez-moi vous dire que c’est un mythe de penser que les joueurs n’aiment pas se faire coacher. Tant que ça demeure fair (juste) et structuré, les joueurs ne se plaindront jamais d’avoir un entraîneur demandant.
Un tandem efficace
L’autre embauche estivale qu’il ne faudrait pas passer sous silence est celle du gardien Anthony Stolarz.
À la suite des performances de Joseph Woll lors des dernières séries éliminatoires, tous les amateurs de hockey à Toronto croyaient que l’équipe avait enfin trouvé son gardien numéro un. Pour moi, un duo Woll-Stolarz laissait davantage croire que les Leafs opteraient pour un partage assez équitable des tâches devant le filet. J’irais même plus loin en disant que Stolarz était possiblement vu comme l’homme de confiance, nonobstant les performances de Woll au printemps dernier.
En laissant aller Ilya Samsonov, il était certain que les Leafs chercheraient à amener un gardien d’expérience pour épauler Woll, qui n’est âgé que de 26 ans. Ce dernier a montré de belles choses, mais il n’a jamais prouvé hors de tout doute qu’il a tout ce que ça prend pour s’établir dans un rôle de no 1. Et malheureusement pour lui, il faut admettre que les blessures ont caractérisé une bonne partie de sa carrière jusqu’ici.
La mise sous contrat de Stolarz, à un prix fort raisonnable (2 ans, 2,5 M$ par saison) de surcroit, avait donc du sens à plusieurs égards. Il livre la marchandise et ça répartit la pression – qui vient inévitablement avec le fait d’évoluer dans un gros marché comme celui de Toronto – sur deux paires d’épaules plutôt qu’une seule.
Stolarz a toujours conservé d’excellentes statistiques partout où il est passé, que ce soit à Anaheim derrière John Gibson ou en Floride, l’an dernier, derrière Sergei Bobrovsky. Il n’avait jamais eu l’occasion de s’établir comme gardien numéro un, mais la blessure de Woll en début de saison lui a permis de prouver sa valeur.
Depuis début novembre, Berube opte pour un système d’alternance entre ses deux gardiens. Au cours de cette période, Stolarz (,931) et Woll (,927) se classent dans le top-4 de la LNH pour le taux d’efficacité (minimum de sept matchs joués). Difficile de contredire la recette!
Une place méritée pour Montembeault
Dans ma chronique de la semaine dernière, j’anticipais les décisions des dirigeants de l’équipe canadienne en craignant que Samuel Montembeault soit écarté ou considéré comme l’homme en trop pour la Confrontation des 4 nations.
Sam a connu un début de saison fort intéressant, mais ses performances ont été en dents de scie par la suite – sans que tout le blâme lui revienne, entendons-nous. Je suis vraiment content qu’Équipe Canada ait vu quelque chose en lui. Et je vais prêcher pour ma paroisse, mais je trouve ça doublement satisfaisant de voir un gardien québécois être sélectionné, car on en voit de moins en moins, malheureusement.
Dans un tournoi aussi court, tout peut arriver. Les dirigeants du Canada auraient d’ailleurs passé le message aux trois gardiens – Montembeault, Binnington et Adin Hill – qu’aucune hiérarchie n'est établie et que le poste de partant est à gagner. À Sam de montrer, d’ici là, qu’il mérite d'être devant le filet lors du premier match de la compétition en février.
*Propos recueillis par Philippe Landry, pupitreur LNH.com