xhekaj-family

MONTRÉAL — Le 22 novembre était une soirée remplie d’émotions pour la famille Xhekaj.

Une certaine nervosité planait — Florian l’a admis avant de fouler la glace de la LNH pour la toute première fois.

Un immense sentiment de fierté régnait — Arber l’a ressenti pleinement en regardant son petit frère effectuer ses débuts dans la Ligue.

Une certaine crainte rôdait — celle-ci étant bien visible dans les yeux de Simona, alors qu’elle regardait son fils jeter les gants à ses débuts, chose que toutes les mamans de joueurs de hockey redoutent.

Et une pure adrénaline émanait — de leur père, Jack, qui ne pouvait dissimuler son enthousiasme pour ce moment précis.

Mais pour maman et papa, l'annonce des débuts de Florian a commencé de toute autre façon : par des préoccupations.

« Florian m’a appelée vers 13 h 00. Bien qu’il fasse habituellement la sieste à cette heure, mon téléphone s’est mis à sonner. Alors, j’ai répondu à l’appel et j’étais très nerveuse, a expliqué Simona. Je lui ai demandé : “Que se passe-t-il? Pourquoi tu ne fais pas la sieste?” Et il m’a ensuite annoncé la nouvelle. »

Jack a eu la même réaction. Il se rendait à des funérailles lorsqu’il a reçu l’appel de Florian.

« Je me suis dit : “Ce n’est pas normal. Il ne m’appelle jamais à cette heure-ci”, s’est rappelé Jack. Il m’a dit : “Est-ce qu’on peut se parler?” Je lui ai répondu que non, car il y avait d’autres personnes dans l’auto. Après les funérailles, Florian m’a lancé un coup de fil : “Papa, j’ai été rappelé.”

« J’ai eu des frissons », a dit son père.

Pour Arber, la nouvelle lui est parvenue de façon beaucoup plus directe.

« Je suis allé voir notre directeur des services à l’équipe pour lui demander quelque chose, et il m’a dit que mon frère montait à Montréal », a dit le défenseur des Canadiens. « J’ai texté Flo et je lui ai dit : “C’est l’heure.” Je suis revenu à la maison, je lui ai donné un câlin et je lui ai dit : “Allons-y.” On ne s’est pas échangé beaucoup de mots, mais on était tous les deux emballés. »

Mais, par-dessus tout, ce soir-là, un sentiment de reconnaissance se faisait sentir — un sentiment provoqué par l’improbabilité même du moment.

Les Xhekaj n’étaient pas « censés » atteindre la LNH. Arber : non repêché. Florian : non repêché par la Ligue de hockey de l’Ontario. Deux histoires inattendues dont les chemins ont fini par se croiser sous la même enseigne.

xhekaj-bros

La route ne regorgeait pas d'occasions favorables pour eux; elle était façonnée par les sacrifices, la détermination et une famille qui n’a pas cessé d’y croire.

« On a passé de multiples heures à jouer au hockey dans la cour, dans la rue et sur l’étang. Être en uniforme dans le tunnel, entendre Fix You et voir Flo sauter sur la glace : ç’a été le moment fort de mon année », a déclaré Arber.

La rencontre face aux Maple Leafs de Toronto marquait seulement la 14e fois que des frères enfilaient l’uniforme des Canadiens dans le même match dans l’histoire de l’organisation, et une première depuis Andrei et Sergei Kostitsyn en 2007.

Mais, en ce samedi soir au Centre Bell, il n'était pas seulement question des frères, mais de toute la famille Xhekaj. Leurs deux sœurs ont fait le voyage depuis Hamilton avec leurs parents, complétant ainsi le groupe qui a soutenu Florian et Arber à chaque étape de leur parcours.

« Nos soeurs sont tellement importantes pour nous. Elles sont ce qui nous lie dans cette famille, a déclaré Arber. On est tissés serrés. On est tous les quatre très proches, et on ne fait que se rapprocher au fil du temps. Leur présence dans les estrades représentait beaucoup pour nous. »

Il s’agissait là d’un hommage particulier à leur sœur aînée, Sophia, pompière forestière dont l'emploi du temps coïncide rarement avec celui de ses frères. Quand ils reviennent à la maison après leur saison de hockey, elle part pour la saison des incendies, et vice versa.

« On ne la voit pas souvent, alors sa présence à ce match était vraiment spéciale », a ajouté Arber.

Florian s'est montré à la hauteur pour sa famille en enregistrant une mention d’aide, en distribuant quelques mises en échec, et, fidèle à son habitude, en jetant les gants avant d'enflammer la foule.

« J’aurais aimé être sur la patinoire pour ce moment, mais j’avais un assez bon point de vue au banc », a déclaré Arber en riant.

Après la fin de la rencontre, toute la famille s’est rassemblée, assimilant toujours l’ampleur du moment. « On as tous deux dit que c’était comme un rêve. On dirait encore que c’est comme si ça ne s’était jamais réellement produit », a raconté Arber à l’équipe de contenu des Canadiens dans les jours suivant l’évènement.

De retour à la maison, la famille attend la prochaine occasion de se rassembler. Avec Noël qui approche, les retrouvailles ne sont pas bien loin.

« Passer du temps avec eux est la chose la plus importante, a déclaré Simona. Ils reviennent à la maison pour quelques jours, et c’est vraiment spécial. »

« J’ai vraiment hâte qu’ils reviennent à la maison. C’est notre moment en famille. Nous nous aimons tellement, les uns les autres », a rajouté Jack.